extrait d'un article de Libération.fr, 9 décembre 2008
Après la polémique enflammée sur le fichier policier Edvige, le ministère de l’intérieur a réactivé dès septembre le groupe de travail chargé de plancher sur le contrôle des fichiers policiers. Présidée par le criminologue Alain Bauer, cette commission s’apprête à remettre son rapport à la ministre Michèle Alliot-Marie. [...]
Parmi les tâches confiées à cette commission, le recensement de l’ensemble des fichiers policiers. Selon Le Monde, «le nombre de fichiers de
police et de gendarmerie ne cesse d’augmenter. On en comptait 34 en 2006. Ils sont au moins 44 aujourd’hui». Pour autant, Alain Bauer refuse de parler «d’inflation des fichiers». Il
explique: «on avait établi un recensement en 2006. Cette année, le but était d’aller plus loin en s’intéressant non seulement aux fichiers policiers mais aussi aux applications nouvelles des
anciens fichiers et à l’ensemble des interconnexions. On ne peut donc pas comparer les chiffres de 2006 et 2008».
Deuxième mission de la commission: plancher sur la question sensible du signalement ethno-racial pour décrire les personnes recherchées en matière criminelle. Actuellement, les policiers
utilisent des termes comme «type européen, nord-africain, asiatique…»
«D’emblée, nous étions tous d’accord sur la nécessité de réformer ces critères obsolètes. Restait à savoir comment éviter une classification stéréotypée. Cette question a suscité une gêne profonde parmi nous» raconte Alain Bauer qui avoue que si certaines pistes ont été évoquées, aucune n’a été retenue. «On reste dans un statut quo, on a demandé, comme en 2006, la suppression de la classification “gitan” qui devrait entrer en application.»
Option un temps envisagée: «l’utilisation d’une gamme chromatique» selon la couleur de peau, des yeux et des cheveux, «un peu comme avec une
palette de couleur en fait». En pratique, cette proposition a été abandonnée, jugée inutilisable par les services concernés. «Dans des affaires de flagrant délit par exemple, les
policiers ne peuvent pas aux témoins de brosser en vitesse un portrait robot à l’aide d’une gamme chromatique… » explique Alain Bauer.
Parmi les recommandations de la commission figure également la proposition de «mieux encadrer» les fichiers classés «secret défense», qui échappent à tout contrôle, y compris de la CNIL. L'idée
serait de créer une sorte de commission indépendante, présidée par un magistrat habilité à consulter ces bases de données afin d’éviter les abus.[...]
Pour la réalisation de ses nuanciers, les habitants de Tourrette-Levens on était conviés à se faire prendre en photo. Durant la fête patronale estivale de cette
petite ville, j’ai improvisé un studio photographique dans la salle des fêtes, un des lieux stratégiques des festivités. 98 personnes sont venues se faire photographier, à la fois curieuses ou
méfiantes, enthousiaste ou passives. Ces rencontres ont été sources d’importants débats autour du projet mais aussi plus largement sur la pratique artistique.
J’ai souhaité ajouter aux trois éléments cités par le groupe de travail ministériel, un quatrième qui est celui des vêtements, dont la couleur est complètement subjective, compte tenu des goûts
de celui qui les portent. Les images sont classées par ordre alphabétique, à partir des initiales des participants. Les objets sont manipulables par les spectateurs qui peuvent expérimenter la
recherche et la comparaison que peuvent susciter ses objets.
Ce projet à bénéficié d'une bourse du programme Défi Jeune Envie d'Agir ainsi que du soutien de la Caisse d'Epargne Côte d'Azur.